Mais non, c’est pas fini !!
Je sais de quoi je parle, vous êtes tous encore là :
Ce matin du côté de la Bibliothèque pour Tous, on se jetait des « Ça va » qui résonnaient dans l’air limpide. J’y suis allé, il reste encore là-bas de la lumière, partout et toujours. Et sur la porte du vieux théâtre, demeure un « Voie sans issue » péremptoire qui fera sans doute longtemps se questionner les passants, en noir et blanc.
En me dirigeant vers le Signe, j’ai croisé dans le fond de l’air des échos Bantou qui me susurraient que la vie n’a pas de prix… j’ai suivi, à rebours, des yeux bleus écarquillés qui m’ont mené jusqu’à l’ombre claire d’un bâtiment anguleux. Encore des échos qui sonnaient bien haut au-dessus des gravillons ensoleillés, pour me convaincre que malgré mes moins de 70 kilos, ma vie vaut plus de 15 euros. Ça rassure tellement…
Un œil orange m’a convié à profiter des frondaisons du square. Des notes de guitare tintaient et se mêlaient aux taches de lumière. Sur un banc, une fille contemplative rêvait de gagner au loto pour s’acheter une yourte, si elle ne se fait pas piquer son hasard par un balayeur un peu trop fier. Tout à coup, va comprendre, ça a senti le menton fraîchement rasé.
Je dévale à la vitesse de l’escargot les degrés du jardin, et là encore, comme un nouvel écho : « Ça va, ça va, ça va pas… » Mais si ça va ! La rue est toujours là, pleine d’ogresses charmantes, je la suis jusqu’au mignon jardin musical où l’on pince les cordes, où l’on glisse l’archet, où le bonheur de tous clignote, et où il ne tient qu’aux lucioles de maintenir l’ampleur de la beauté…
Je remonte une nouvelle rue.
Hallelujah !! Les veilles pierres et le fer forgé de la rampe entrent en résonance, la voix vibre, le chant remonte l’escalier juste à temps pour voir par la fenêtre un pull mouillé lâcher prise… pas grave, le maquillage est accompli. Je presse le pas, foulant la terre, qui est quelques fois si jolie. Me demandant si je suis bon enfant ou mauvais sujet ; je suis interrompu justement par un enfant courant qui cogne sa joue à mes paumes, le bleu du ciel étendu sous la théorie des nuages nous regarde de là-haut.
J’entre dans une cour, j’y trouve du bonheur pour tous, rien que du bonheur. Je fais la promesse de ne plus croire en ce qui me ment, essayer de trier ce que je ressens. Si j’avais le temps, je m’assiérais sur la terre, avec respect.
Un air très jazzy, plein d’ironie, sonne de sa belle vois au-dessus d’une cours de récréation.
Qui que tu sois, dans ta détresse, tu as du prix à mes yeux ! Les jolis mots, les mots que l’on rêve d’entendre, s’élevant de chaque bouche, en boucles et volutes, adressés à toutes et tous. Tu as du prix… Pour ça il faut changer la vie, qui nous tire par la manche.
Vivement l’avènement de ce monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire. Vivement une horizontale plénitude du vivant.
Un enfant ne saurait naître en dehors de l’enfance… quel horrible évidence… Et les enfants de danser et de rire, et de courir dans les hautes herbes. Des enfants indifférents à la politique, la nécessité, les pauvres histoires. Un sourire à 360 degrés au bas de l’escalier de l’hôtel de ville. Et les rires ne s’éloigneront pas en écho, et les mots ne s’éteindront pas dans le gorges. Mais est-ce que tout est calme à présent rue Laloy ?
La boucle est bouclée, je suis retourné place de la Résistance, sur mon balcon tout nu. La batucada résonne encore sous l’immeuble. L’ombre d’un policier qui veut refaire le monde s’allonge sur le goudron et gagne l’acacia et son rond d’herbe.
Vous voyez bien que ce n’est pas du tout fini. Pendant combien de jour encore, ici et là, des yeux bleus ou orange aux pupilles peuplées de sourires me feront des clins d’œil à travers le centre ville ?
Merci à Raynald, merci à Vincent pour avoir remis en valeur les notions si simples de tolérance, de bienveillance et de fraternité, si bien mises en pratique depuis le début de l’aventure.
Bisous à toutes et tous !
Vous savez où j’habite et promis ! Je ne vous crierai pas dessus si vous passez sous mon balcon.
Guillaume MORÉTEAU